Patrimoine naviguant en Charente-Maritime lance le projet d’un voilier monotype des pertuis.
Philippe Baroux
Le golfe du Morbihan a sa flottille de Guépards, la baie des Morlaix voit naviguer des Caravelles, Arcachon ses monotypes. Et si, demain, les pertuis charentais avaient leur modèle propre, un bateau rattaché au territoire et construit selon des références partagées par tous leurs propriétaires ? C’est le principe de la monotypie qui, sur l’eau, voit régater sans autre enjeu que le plaisir d’embarquer sur un bel objet des voiliers construits à l’identique. Dans ces conditions, ce n’est pas la carène qui fait la différence au virement de bord, mais bel et bien le savoir-faire de l’équipage.
Cette idée d’un monotype des pertuis fait son chemin au sein de Patrimoine naviguant en Charente-Maritime, un collectif d’une vingtaine d’associations et de bateaux traditionnels naviguant principalement de l’estuaire de la Gironde à la baie de l’Aiguillon. Jusqu’à 200 à 300 sympathisants participent à ses rassemblements de voiles anciennes.
Taillé pour la randonnée
La semaine dernière à Paris, lors du Salon nautique, il était question du projet sur le stand de Voile traditionnelle, le point d’accueil où les Oléronnais Jean-François Garenne et Margot Peeters, propriétaires de « Lola of Skagen », préparent leur saison de croisières au départ de la Charente-Maritime. « Jef » est également président de Patrimoine naviguant en Charente-Maritime.
« Le concept du monotype des pertuis est très simple, explique-t-il. Proposer un voilier utilisable pour la randonnée nautique et la promenade, mais aussi performant pour des régates conviviales. Ce bateau est accessible au plus grand nombre et susceptible, par son esthétique et sa conception, de s’intégrer aux paysages maritimes du littoral charentais. »
C’est ainsi que la silhouette et l’accastillage du bateau devront rappeler les petits voiliers anciens de nos ports : petits sloops, lasses, couralins, yoles et pinasses.
S’agissant d’une embarcation populaire, le choix des matériaux et des techniques de construction reste libre, mais il devra permettre une construction au moindre coût, respectant les principes du développement durable. On voit donc mal un monotype en polyester.
Autre élément clé du projet : la mise à l’eau, soit le temps de passage de la remorque (longueur de coque maximale de 5,20 m au gabarit routier) à l’eau, qui « n’excédera pas cinq minutes. Soit tu transportes ton bateau, tu es mobile, et tu ne mets pas une demi-heure pour le mettre à l’eau, soit tu restes dans un port. Le choix est clair. Nous voulons donc un système de mâtage simple et une remorque aboutie ». Dernier point : le monotype devra être insubmersible et supporter une charge de 250 à 300 kilos (trois ou quatre équipiers).
Né d’une réflexion partagée par toutes les associations du collectif, le cahier des charges est le fruit d’un travail abouti et – « Jef » y tient – « démocratique ».
Bien moins de 15 000 €
« Nous voudrions être sur une construction bien inférieure à 15 000 euros, et susceptible de variantes au sein des chantiers ou chez les particuliers : construction amateur, ou en kit, ou en partenariat avec un professionnel, chantiers écoles, etc., toutes les voies sont bonnes à explorer. L’association conservera juste la propriété intellectuelle de l’histoire, donc les plans. »
Au salon, « Jef » faisait la promotion du projet auprès des personnes acquises à ce type d’initiative… et ils sont nombreux les postulants pour un bateau rapide, ludique, et économique ! Trois architectes connus pour leurs dessins de voiliers inspirés des lignes traditionnelles ont été approchés. Il est prévu qu’ils rendent leur copie en début d’année prochaine. Ce qui ne constituera que le début du commencement des nombreux bords qu’il restera encore à tirer pour qu’aboutisse cette démarche originale.